Douze treize deux cent quatre vingt quatre cinq
on a encore le droit de marcher en ville (jusqu’à quand ?) à peu près librement, on arpente, on regarde, je ne sais plus exactement ce qui m’a pris (quelque chose m’a pris, oui) mais je me suis retrouvé par là
(la photo d’un type inconnu au bataillon, qui se jette dans le cadre tandis que je tente de capturer un saxophoniste qui gravit le boulevard de Sébastopol (je l’aime assez, ce boulevard, il a du Jean-Roger Caussimon, quelque chose de ruelles aussi -qu’on a perdue depuis… – de Châtelet à Gare de l’Est en passant par Strasbourg-Saint-Denis pour changer de nom – il devient « de Strasbourg » comme un abruti)
le voilà quand même, je ne sais plus exactement mais un texto m’a annoncé la disparition d’un type, 87 piges, celui qui rangeait sa poubelle (papiers ici, reste là, ailleurs encore, enfin un truc qu’on entretient et qui n’appartient qu’à nous, c’est quelque chose que je comprends), lors de son quatre vingtième anniversaire je lui avais offert ce livre « taxi » (Khaled al Kamissi, actes sud 2009) sais-tu jamais comment les cadeaux seront pris ? ça lui avait plu, plus tard il y avait eu cette cérémonie à Saint-Séverin, son fils s’était jeté d’un pont, quelque chose de l’incroyable, disparu, introuvable -entre huit et midi je me souviens- et lui, le voilà parti
ce n’est pas qu’il m’ait été antipathique – il avait le statut de parent – n’importe, voilà que j’apprends qu’il aimait Brassens (je ne me suis pas étonné : quelqu’un, serait-il administrateur civil, qui détient ce type de disposition – je veux dire ranger sa poubelle – ne peut pas être complètement mauvais) et voilà, ce matin-là -jeudi dernier-il se fait son thé du matin, et boum terminé – la belle sortie, non ? – le voilà parti, chauve, pince sans rire, je ne sais même pas son prénom c’est pour te dire, mais enfin telle est sa fin
sans doute ces jours-ci irais-je je ne sais où (Montparnasse ? Montmartre ? Père Lachaise ? Pantin ?) lui rendre comme on dit hommage ? Possible, peut-être, et si l’égide du grand Georges pouvait faire en sorte de nous faire entendre une de ses chansons amusantes (type « Le Grand Pan », « Quatre vingt quinze fois sur cent » ou « Elle m’emmerde ») on lui en saurait gré… (bon voyage, l’ami)
En dvd « Gomorra » (Matteo Garrone, 2008) formidable (montage parallèle, acteurs magiques, scénario d’acier)
Oui, ce film tiré du livre courageux de Roberto Saviano (qui vit entre deux policiers) est excellent.
La photo du saxophoniste est sûrement « free »…