Carnet de voyage(s) #86

C’était le dimanche du milieu du séjour. On allait voir un peu ce lac

qui n’en est pas vraiment un

mais une étendue de bambous avec une île en son milieu, la route était cahotante

on voit ici l’île, un château une tour quelque chose au somme du mont, enfin, le téléphone sonnait, et puis et puis on sut que l’un de ceux attendus avait manqué son avion, le soleil cognait, on reprit la route, on pardonna tout en maudissant le sort, le hasard, la légèreté, on en aurait pleuré… mais on continua à rouler un peu

c’est ici qu’on déjeunait, salade de haricots verts, brochettes, dans ces assiettes-là

il se fait tard, un peu de peine on rentre on pose l’auto là, on va se baigner, on revient, le tas de cailloux

les tomates les piments

les oliviers les plantes grasses la douche les rires qui reviennent

une petite fleur dans un olivier

on décide de l’emploi du temps de demain, on ira faire réparer cette bague

à Chalkis, vingt cnq bornes, ici c’est le compteur devant lequel on passe, abandonné, avant d’aller sur le port pester encore contre l’erreur commise qui prive cet ami de ces si jolis moments, bah on les garde on les partage mais s’il était là

tant pis il n’y est pas, mais il serait sur ce bac, probablement

on le verrait arriver de loin

le soir serait tombé, on aurait bu l’ouzo, mangé quelques victuailles

mais non, le lendemain, on repartait un autre port une autre ville l’isthme où se rattache l’île au continent

les deux remorqueurs qui aident à vaincre le courant violent

ce petit bateau blanc, un pêcheur, tout à l’heure remontera

nous avons été trouver le bijoutier sur Stavrou Pericleus qui se nomme Jacques (en grec, prononcer Zak) puis sur une terrasse un café, un jus de fruit je ne sais plus

nous étions cinq, pour dix euros on attendait un peu, on nous apporte de l’eau fraîche des boissons un sourire et de l’ombre, du calme, celui-ci lave son bateau

de vieux hommes passent

la voiture était garée de l’autre côté du port, ce qui se passe vraiment là c’est que rien ne pose problème (garez vous là, ici, c’est bien, oui voilà, quand vous voulez), on avance sur la jetée, le pont

dans les arbres cette maison aux tuiles rouges c’est la gare de chemin de fer

passe une jeune femme au fichu rouge, un jeune homme aux cheveux longs

ces bateaux sont ceux qu’on voyait à la nuit (je les remets ici

d’un autre bord) un peu comme l’arroseur

ayant confié mon appareil on me prit en photo

mais un peu comme tous, je me défile bord cadre, puis ne voici que mes jambes

mes pieds dans mes sandales, là-bas un homme reprend sa mobylette (ça ne se dit plus, ça)

j’aime le soin qu’il porte à sa coiffure – derrière lui, l’administration du port

une franche chaleur, sur le port un voilier

au loin quelques grues, le temps de s’approcher et voilà qu’un type grimpe aux haubans – les Révoltés du Bounty, Fletcher Christian Marlon Brando ?

sont-ce les îles sous le vent ? sans doute pas mais l’évocation, oui, en contrebas ce couple

dans l’ombre cette esseulée, trois pieds, des couleurs craquelées

on a repris l’auto, on est revenus, le temps est passé et sur ce fil-là

deux oiseaux qui pépient