Journal des Frontières #samedi fin d’après midi
Pour partir, désormais en train, sacrifier à une sorte de rite idiot
histoire de fonder le voyage sur de bonnes bases, ou de bons auspices, il n’est pas si tard (l’heure d’été n’oeuvrera que dans un peu moins de 9 heures)
en gare l’air est saturé de messages, les yeux, les oreilles, les narines, tout y contribue, voie M comme Montigny (sur Loing)
dans le train les gens dormiront (photo manquée), on croise le métro (là-bas, sur le pont sur la Marne, la ligne verte qui de Balard va à Créteil, en passant par la République et vice versa)
l e train commence à foncer
(on prend le train
en ville on aime la voiture parce que on est en ville mais on ne peut l’utiliser : nous sommes trop à l’aimer, sans doute, cette affaire de liberté et de conduite intérieure) Montgeron-Crosnes est doublé
jour finissant dans la qualité des bleus
aiguillages traverses une blackette depuis un moment ne cesse d’invectiver quelqu’un (ça se passe au téléphone) auprès semble-t-il de quelqu’un d’autre à qui, tous les trois mots, elle donne du « mon frère »
tout à l’heure sa copine de taille copieuse se coupera les ongles (les moeurs ferroviaires, les enregistrer)
tout ce joli monde descendra à Melun, puis on doublera ici ou là, la capitale se souvient
passent les ombres, encore un moment
forêt, cieux, arbres nuages horizon infini
lignes pylônes il est rare qu’on fasse le point, le train fonce bruits balancements des enfants jouent chantent rient il est tard on a soif faim un type ouvre avec un passe-partout probablement personnel la porte des toilettes
on dépasse Moret
c’est qu’on va vers une exposition
il y aura encore des arbres des talus et des branches
il fait doux, on descend du dur, on descend la rue qu va à la bibliothèque, « quelle heure est-il quel temps fait-il » (c’est une chanson qui continue et dit « j’aurais tant aimé cependant/gagner pour vous pour moi perdant/avoir été peut-être utile » mais elle est d’un autre temps, d’autres moeurs, d’autres façons de vivre, justement, tiens) montant l’escalier on tombe sur cette femme accoudée au bar
(non pour le point, en effet, il faudrait repasser) mais c’est l’accord des rouges des gris et des noirs, un vernissage une exposition de photographies, cette sincérité dans un regard qui ne trompe pas
non plus que dans celui-ci
indiquant tous les deux l’estime dans laquelle on tient l’opérateur, ici c’est sur le quai de la nouvelle Barcelone, un homme qui baille
là sans doute à Londres des banquiers ou quelque chose de cet ordre
je me suis permis de cadrer comme j’ai aimé ces photos (le photographe – François Boissonnet, qu’on remercie ici pour ses photos et sa générosité – disait, lors du discours, qu’il s’agissait là de photos d’amateur : je ne sais pas, ce qualificatif, pourquoi pas mais ce qui importe -comme on se le disait ensuite- c’est aussi ce qu’il y a dans la photo, ce qu’elle nous apporte, ce qu’elle nous donne, ce qu’on en retiendra peut-être) moi, ça a été cet enfant qui dort, sauvé c’est assez probablement certain
on boit du punch (merci Sabine), on salue F. aux pieds nus, l’homme des berces de la promenade déambulation du centre social d’il y a peu, on salue la maire au nom de L’aiR Nu qu’on représente ici, on est en résidence (un salut à Sandrine) on parle on rit « tu as vu l’heure ? » oui, non, déjà ? non, oui mais c’est le train, à heure fixe il passe, le voudrais-tu ou pas, il passe fonce avance relie freine s’arrête repart et repart encore de gare à gare de pays à pays, fonce sans s’occuper des lignes de frontière, il y a quelque chose avec les trains, évidemment depuis si longtemps
cette image pour le personnage créé par Joachim Séné, cette autre parce que il y a peu de monde vois-tu
cette autre encore parce que on sait bien que loin ce n’est jamais qu’une distance, sois tranquille
il est huit heures moins le quart, il fait doux, c’est le printemps, une voix intime de s’éloigner de la bordure du quai (la bordure du quai, la limite de la rive, la frontière entre la vie et le danger de mort), aux rails les prémisses de la rame qui fonce à toute allure
dans la nuit presque venue passe le train et passent les secondes
quelques heures au bord du temps, quelques instants de retrouvailles avec d’autres gens inconnus, on tisse, on parle on lit un peu d’eau qui sous les ponts passe s’enfuit sans jamais revenir ? un air de printemps, non il n’est pas tard et au loin, contrechamp arrive (à l’heure) le train du retour.
A la bibliothèque de Montigny-sur-Loing (sous le lien, les horaires d’ouverture), du 26 Mars au 12 avril, une exposition de photographies de François Boissonnet.
Chapeau pour le nombre de photos mises en ligne…