Journal des Frontières #8.1
Il y avait dans l’exploration des frontières et des territoires, en ce début janvier quinze – avant les 7 et 9, le temps passe et se transforment les choses et les idées, les êtres et les souvenirs : sur eux comme une fine couche de suie ou de poussière (je pense à la dévastation), les choses se désagrègent et sous nos yeux changent, se transforment, évoluent, disparaissent (je n’ai plus guère mes outils afin de poser d’autres images que celles déjà prises : je soigne cet aspect technique de ma présentation, mais les choses sont difficiles), dans cette exploration – qui date d’il y a un an pratiquement – il y avait cette image-là
elle est prise de loin, il fait beau, pour s’en rapprocher, il a fallu user d’une sorte de subterfuge, recadrer et reposer un format, obliger un certain nombre de pixels ici tandis que là ils s’agrégeaient comme ils pouvaient (il y a dans ces machines et ces choses faites automatiquement une sorte de magie idiote qui intime aux images de se conformer à un cadre, une proportion, un point technique, une vue, un équilibre un ordre une justesse une beauté un balancement un rapport un pourcentage un prorata une mesure qu’il nous est difficile de maîtriser – et l’italique est pour les diverses propositions du dictionnaire des synonymes) et avant hier, on passait tranquillement venant d’ici
(voit-on ? Non, ou à peine, il n’y a pas le point) la rue du Loing qui longe, à Montigny, la bibliothèque municipale, il y avait là, dans cette rue (ces images sont un peu hautes, il me semble, c’est la faute à la plongée) cet homme marchant
lisant (il se reconnaîtra), il devait être onze heures, nous on reconnaissait, on croisait la maire, on parlait (merci de l’accueil, café, dictionnaire étymologique), on avançait dans la résidence en réalité (on avance toujours dans la résidence, un peu comme dans une maison-témoin, on est peu de choses mais il en est à faire, matin tôt brouillard on prend l’auto, on patiente vers la porte d’Italie -on passe la porte d’Italie on traverse, sont-ce les Hauts-de-Seine ou le Val-de-Marne, on ne sait pas bien, pour ensuite croiser les avions qui fondent sur les pistes et ainsi rejoindre le sept sept – et laisser sur sa droite l’Essonne), il y avait là-bas, derrière le pont du chemin de fer, viaduc comme entre Saint-Mammès et Veneux (la rue du Viaduc, est-elle à Veneux ? ou est-elle à Moret ?), cet homme au travail
– à peine l’aperçoit-on, dégarni au loin, presque en haut des marches – et puis il fallait aller ailleurs, rendez-vous était pris, pour deux heures, au collège, on allait y aller, on y allait, allez, il le fallait, sans doute avant trouverait-on un endroit pour déjeuner, quelque chose, une table, quelque chose, on passait le Loing, on passait le canal, puis on le repasserait encore, ponts et eaux, froid, on allait au hasard, Montigny prendre à droite vers Episy, peut-être je ne sais plus trop
garer l’auto là, non loin de ces chutes (Niagara Iguzza Zambèze… non, plus probablement un bras du Loing ou alors le Lunain : les eaux elles-mêmes se séparent pour, tout comme tous les livres, n’en former plus qu’un(e) au bout du compte…), une écluse sur le canal
ici on marche mais là c’est interdit, des injonctions ordres sommations commandements ordonnances dispositions agencements rangements aménagements distributions enfin toutes sortes de choses aussi, le long du chemin, sur la route : ici oui, c’est possible de se garer, mais là, non
on allait voir, cette image qui faisait comme une maison d’eau
le bord du canal, écluse attendant que passent bateaux pirogues ou baleiniers
on la double, au loin il y a l’aérodrome d’Episy-Moret (quelque chose avec ce lieu, il y a quelque chose : les souvenirs de Michel Rocard dans son planeur les années soixante dix ? ceux de Y. qui voulait apprendre à conduire piloter un avion à qui on disait : « avec un coeur dans cet état, monsieur, il vaudrait mieux ne pas… » et qui prenait ses cours quand même accompagné d’un moniteur ? je ne sais plus trop bien, les lieux parleraient-ils d’eux-mêmes , je pose à nouveau la photo de GSW
à tout hasard : les souvenirs, les réminiscences, les oublis et les reconstitutions, ainsi les obtient-on : un jour, on ira) on reprend la route, on cherche, celui-ci est fermé (un restaurant de Moret où nous avions pris un café, avant la première réunion), celui-là trop cher sans doute (on ne va même pas voir) tant pis, on avance on va à Champagne ?
attends un peu, au bout de la route, est-ce un avion sur ce chemin ? On revient sans prendre de photo, et là-haut, sur cette colline
telle qu’en elle-même mais sous un autre angle, sans doute
ainsi y sommes-nous.
On se retrouve dans l’image.
On arpente le territoire, avançant sur cette route, au 1 de cette rue, on croise cette chevauchée
quelle est-elle ? bas relief posé sur cette entrée, face à l’écluse si je me souviens bien, ou alors était-ce ailleurs, avancer, trouver une vague pizzeria sur la rue du Général de Gaulle
contribuer à l’Invent’hair, bien sûr (on l’a déjà mise ailleurs, certes)
et s’en aller vers le collège, faire des collages mais dis donc c’est sûr que c’est là, on est arrivés donc, on gare la voiture, on sort, on s’avance, erreur d’aiguillage « mais non, c’est ailleurs…!! » alors foncer et arriver vers treize heures cinquante sept sur les lieux de la bibliothèque, non loin de la « rue Clemenneceau » disait le GPS, on s’en amusait tout à l’heure, maintenant nous y voilà, et devant nous, qui entrent, les quelque vingt cinq personnes qui vont suivre l’atelier…
Ici posée la matinée de jeudi dernier, en images et mots, frontières et territoires, communes et lieux-dits, eaux, fleuves, rivières, bras et étangs, herbes et pierres, ponts viaducs passages voiture automobile. Au #8.2 du journal, les deux heures et les travaux des participants à l’atelier. A suivre, pour qui veut, donc.
photos des chutes du Zambèze, donc pas si loin(g) que ça, l’atelier t’as lié, on dirait…