Journal des Frontières #7
Superficiel et léger (ainsi, par cette chanson, Gall et Berger tentaient-ils de reconquérir un hit-parade -on dit charts pour faire joli, ce n’est qu’idiot -l’autre aussi, tu me diras…- perdu, quand était-ce Maritie et Gilbert Carpentier ? une éternité ?), est-ce la posture à tenir, alors que l’ignoble a eu lieu et se prépare maintenant, après demain (se boucher le nez pour aller voter, mais aller voter), nous sommes blessés, meurtris, plus encore bientôt avec ces gens qui ne visent que le renouvellement de leurs postes, ou le profit d’un plus élevé, la concurrence acharnée et l’arrogance morveuse… Alors ? Alors, continuer, affirmer, avoir ses convictions : des choses à faire, des travaux à assurer, on prend rendez-vous, Bastille
continuer et avancer vers la rue du Chemin Vert, vert le chemin vers la rue
(à la Bastille, on a installé quelques baraques foraines -hors de prix, certes- pour faire concurrence à l’opéra, ou quelque chose….) aller avec Mathilde Roux choisir un papier, deux, trois
qui serviront aux élèves de la classe du collège Gregh (Fernand) de supports pour leurs pérégrinations dans l’imaginaire du voyage, afin, par leurs lignes de couleurs, de réaliser quelques idées des frontières, des bordures, des limites, et d’élaborer quelque chose comme un chemin dans un petit cahier
voire même une seule feuille, le tout à base de cartes, de photographies, de mots aussi bien, peut-être si la chance nous sourit, de chansons
collages et écritures, inscriptions et signatures (en italien, signature se dit firma), signes et marques et chiffres, c’est mon chiffre, mon code, mon nom, inscrire en bas de la dernière page, celle de la quatrième comme s’il s’agissait d’une couverture son prénom son nom son âge ou son alias ou son lieu de naissance, quelque chose comme une caractéristique, stylos et bâtons de colle
au fond du sac, ces quelques couleurs, au fond des esprits et des imaginaires ces quelques mots qui ne parlent qu’à vous (non, il n’y a plus le point
mais qu’est-ce qui importe vraiment, la netteté ou l’impression ? nous verrons), écrire, élaborer quelque chose, pas nécessairement une fiction, pas nécessairement une réalité, une chose simple, comme encore en travaux
s’il le faut, recadrer
(celle-là est-elle mieux ? je la préfère – ce sont les travaux du trente huit de la rue de Belleville Paris 20) travailler les mots, le texte, écouter une chanson comme on les aime (celle-là qui rappelle des temps tellement anciens – huit mois, peut-être, à la Cigale ? je ne sais plus), rapporter au cahier des comptes
ce ne sont pas des feutres (on dit « marqueurs » pour ce genre d’objet) beige lie de vin et gris bleu, on insistera pour que la liberté soit du voyage, que le travail et la contrainte soient, tous deux, emprunts de légèreté et de rires, envisager les choses sérieusement, repérer, regarder, sentir, toucher, calque et papier brun
(là, c’est autre chose : un cahier bleu) gris ou bleus
(en vrai il y en a deux) les photos sur la table du café, ensuite, les images amusantes et discrètes, quel jour, déjà, tu es né ? et c’était où ? entendre les bruits, le « posca » tu dis, donc, un centimètre et demi, donc, un papier pesant au mètre carré cent quatre vingt grammes, ou le blanc plus souple, plus léger, cent dix, ce calque superficiel, cette géographie intérieure, celle des images et de l’imagination, y poser des mots ou des choses, regarder les yeux brillants quand ils comprennent, attendre un moment que colle l’extrait, la découpe et puis intituler…
Ici comme ailleurs, considérer ce billet comme une aide, un vademecum, une note d’intention de ce qu’on souhaiterait exécuter, sans pour autant ni contraindre, chez ceux à qui sont destinés ces ateliers, ni éteindre quelque envie, désir ou velléité que ce soit…
Curieux de constater comment les cahiers, les carnets, les crayons, les feutres, les couleurs, tout ça n’est plus du virtuel mais du réel (du « tactile ») et comme cela donne envie de créer autrement, de manière enfantine.