Quinze neuf quinze
Hier soir sortant d’une conférence inutile (erreur de casting que d’inviter un représentant de l’économie capitaliste qui ne fait que défendre son pré carré) au centre Pompide, on est parti un peu avant la fin (appel téléphonique); dehors un vieux type dans le hall qui marche avec deux cannes, chapeau de paille yeux bleus, il tente de sortir du centre : la sortie porte d’un mètre sur deux, il ne parvient pas à en franchir le pas, essaye, tombe à la renverse, on (mon amie, le vigile qui contrôle les sacs et moi) le remet sur pieds, il ne veut pas d’aide, demande un taxi s’il nous plaît, ne pas le toucher, merci, et continue sa marche lente, tremblante et difficile, hésitante presque, mais on ne peut pas le laisser aller seul, c’est impossible, il croise l’entrée d’un ascenseur (qui ne dessert que le restaurant du 5-par ailleurs, pas de fouille par cette entrée, pas d’aide non plus d’ailleurs : à vomir), le vieux monsieur retombe à la renverse, on le redresse, on le porte presque, j’essaye d’appeler le SAMU (nombre de gens adorables (brésiliens, arabes noirs, pakistanais…), qui tentent d’aider, qui portent le monsieur sur les marches qui vont vers le cinéma), après dix minutes d’attente on me répond au SAMU (c’est le 15, je ne le souhaite à personne) : « où est-ce ? » je dis « au centre Pompidou devant l’entrée », on me dit « je ne connais pas, vous avez l’adresse ? « , je dis « rue beaubourg, ou rue du Renard je ne sais pas exactement… » , on me dit « sans adresse on ne peut rien faire », je m’énerve, raccroche rappelle, tombe sur une personne plus humaine, on se met d’accord voilà que les pompiers vont arriver, le vieux monsieur ne veut pas, non, qu’on le touche, non, non, il retombe se blesse à la tête, les pompiers passent sur la rue Beaubourg, font le tour, reviennent par Rambuteau, gants caoutchouc se saisissent du monsieur, « j’ai envie de faire pipi » me dit-il, je luis dis « voilà les pompiers, on va vous aider », on s’en va, ils sont trois autour de lui, il ne veut pas qu’on le touche, on s’en va la glace au coeur
(à l’image deux types qui marchent dans Londres, je suppose, expo Valérie Jouve au jeu de Paume)