Carnet de voyage(s) #77
(Les séries, ce qu’il y a de bien, c’est qu’elles ne cessent jamais) (ou alors si, à un moment, mais jamais on ne le sait et jamais on ne le prévoit) Ici nous étions à Scicli (Sicile, extrême sud est de l’île)
La rue va vers l’église nommée San Bartoloméo, baroque à souhait, toute la ville en est éprise, on longe les collines entre lesquelles la ville est construite, (la même par le robot – dédiée au voyageur qui a repris sa route
ici c’était Scicli, la dernière fois, Syracuse, la Sicile merveilleuse et chaude, aux habitants si chaleureux, drôles, rigolards ou coléreux, le monde comme il va, les vacances, le temps qui passe, les lieux de celles-ci magnifiques).
Nous avions la chance d’avoir connu cet homme qui louait des chambres dans sa pension de Gênes (amicalement à toi, C.), et de fil en aiguille, par le mail interposé, avait vu le jour la possibilité de louer cette maison de famille. (Heureusement aussi, un ami m’aida à régler ce loyer : merci à lui, aussi, toi, A.)
Qui aurait dit qu’elle serait si accueillante ?
Ici c’est une porte encore de Scicli, une des maisons presque troglodyte qu’on peut y trouver, des rues étroites et pentues, comme à Modica qu’on découvrira plus tard. Une maison de famille avait-on dit, M. au téléphone nous avait souhaité la bienvenue, bien sûr venez, il n’y a pas de problème (avec un accent rocailleux italien qu’on comprenait un peu difficilement), on était arrivés, on avait découvert cette merveille (terrasse allant jusqu’au bout du monde, là-bas au loin, une merveille qu’on découvrira aussi) et les portes
celle-ci va vers la petite terrasse où se trouve la table comme de salle à manger, dehors, tranquillement, fenêtre donnant sur la cuisine d’où passeront les plats, aux repas
au fond de l’image la porte de la cuisine, justement, et les reflets magnifiques de toutes les portes de la maison.
ici, celui de la porte de la cuisine : on voit le parasol, la table, la balustrade, la chaleur, le bois, le reflet, la lumière, sent-on l’odeur de l’ail et des olives qu’on allait acheter sur la petite place, les câpres, les tomates, aux marchands ambulants, les aubergines et le melon ?
Ce qu’il y a c’est qu’il fait (immensément) chaud, alors les volets sont descendus, le reflet se pointille, on ne voit plus très bien le dehors mais il est écrasé des quarante degrés et quelques qui pèsent sur l’ombre
on voit le lustre, on voit les deux fenêtres de la salle salon entrée, la lumière du dehors, le papier peint d’un autre âge sans doute
ici c’est une chambre, un couvre-lit rouge et un lustre du même tonneau qu’ailleurs, on distingue près de la fenêtre la table à repasser (on ne s’en servit point), une sorte de tranquillité dans la douceur presque fraîche parfois des sols en marbre
ici c’est l’entrée, on voit la maison du voisin, un homme charmant vivant à Palerme en hiver, venant aussi ici en février, qui marche dans les vagues matin et soir, qu’on croise, qui sourit, « ah Paris, dit-il, j’y suis allé deux fois, et il pleuvait, il pleuvait… le métro oui… » il sourit, ses sourcils épais et blanc, ses poils dans le dos sous son marcel blanc, une vie tranquille sans doute, la Sicile et les Siciliens
(la même porte, plus contrastée), un jour il nous donnera des figues de son jardin, certaines de barbarie qu’il aura pelées lui-même pour nous, une quinzaine de jours sans doute (probablement) doux et tranquilles, l’apaisement des nuits heureuses sans drap, le souffle léger du vent la mer au loin sans bruit, le ciel les étoiles et plus jamais, plus jamais de cris de bruits ni de pluie