Vases Communicants #55
Bienvenue pendant le week-end à ana nb pour un échange sous le signe du « voyage d’hiver », vase communicant où elle reçoit dans son magnifique jardin sauvage Piero Cohen Hadria, qui la remercie.
on ne sait rien / le voyage commence là
(les instruments de musique ne parlent pas – on entend juste une voix de femme) – on s’écarte du temps on s’écarte de sa ville – de toutes les villes – dans le train pour Hanovre
heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix – heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix
heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix – heurte
les sons les bruits les voix les rumeurs les remous les mouvements de – de sons de bruits de voix coulent à flots – chaque jour chaque nuit – et puis
la musique de
Philip Jeck John Butcher Mats Gustafsson Günter Christmann Matthias Schubert Claus van Bebber Ignaz Schick Joke Lanz Shelley Hirsch Anna Homler Franz Hautzinger Franziska Baumann Korhan Erel Andrea Neumann Magda Masyas Sophie Agnel Peter Geisselbrecht Roger Turner Thomas Lehn Ute Völker Elisabeth Flunger – c’est le chemin pour aller vers Ebi.
heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix – heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix
heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix – heurte
tu veux un verre d’eau – j’ai un verre d’eau dans chaque main – ça commence comme ça – une histoire d’eau offerte – et puis une adresse – une adresse indéchiffrable
le rêve de
un rêve qui ne rêve pas – eh le ciel tu voudrais pas changer de couleur – on ne va pas au ciel – le ciel est du jour – alors on voyage dans sa tête – du nord au sud du sud au nord – Hanovre Lisbonne Lisbonne Hanovre Hanovre Lisbonne Lisbonne Hanovre Hanovre Lisbonne Lisbonne Hanovre Hanovre Lisbonne Lisbonne Hanovre – Hanovre – l’éventail tombe sur un sol mouillé
le voyage de
je suis là – à regarder un bout du monde par la fenêtre d’un train – on ouvre d’autres sons – les sons forment une ligne sonore – on tient la ligne sonore on introduit un rythme – on entre dans la ligne sonore – parfois on interrompt brutalement la ligne sonore – parfois on reste un temps très long – ce temps peut nous sembler très long – le train s’ arrête dans une gare de verre de colonnes d’acier
heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix – heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix
heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix – heurte
je ne connais pas le nom des rues le nom des places – Hanovre fantôme se transforme en ville quand j ‘enregistre des voix – des mouvements de voix de sons de bruits de rumeurs de voix – vocal 67 ouverture fermeture des portières ligne 9 Fasanenkrug – vocal 69 it ‘s a both a way of speaking – vocal 71 je suis là ahi estoy – vocal 72 see change Shakespeare – émission d’un son – paramètre d’un son – vocal 73 on ne sait rien – vocal 75 viste que lindo el cielo del país nunca entrevisto – vocal 79 ouverture fermeture arrivée départ das ist alle – vocal 80 traversée de la gare de H. – voix bruissement de voix rires d’enfants
j’ ai perdu la première photo – dans un ciel blanc une forme floue d’ avion – un mouvement de tête léger – on se trouve là – face à face – am anfang au commencement – on ouvre un son – on ouvre le temps du son – mit der Ton mit der Zeit – un ciel des ciels d’autres villes – des terres des champs des arbres – d’autres villes – des maisons des rues – des quais des gares – de ma ville Nancy à sa ville Hanovre. – un voyage commence on ne connaît pas sa durée – un son continue sa courbe sonore – un son frôle un autre son
heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix – heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix
heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix – heurte
on lance des sons on suit une forme sonore – on sait le son vivant – le monde dedans – on soulève un son on l’emporte on le surprend – on capture des sons – on invente un voyage pour les sons – et le cœur à l’intérieur danse – on invente des boucles sonores – des modulations – jusqu’à la disparition du son – on suit une mémoire sonore – née dans la grande roue de la vie de la ville de toutes les vies de toutes les villes – et on croise nos sons nos mémoires sonores – on est là – face à face – dehors c’est la nuit
heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix – heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix
heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix – heurte
le voyage commence là – c’est la fin de l’été – sur un parking d’une petite ville six camions de pigeons voyageurs – je prends trois photos – et – chœur de chiens silence – rires de petites filles – silence – bruits de pas courus porte claque – je demande à Ebi quelle est sa maladie
heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix – heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix
heurte heurte heurte – heurte cœur heurte corps heurte voix – heurte
c’est la dernière nuit – on regarde les étoiles – on ne sait rien – le voyage commence là – Ebi me montre sur l’écran le passage de la frontière
texte et photo : ana nb
Merci à Angèle Casanova pour son efficacité et son organisation : les autres vases communiquent ici. Merci aussi à Brigitte Célérier pour sa (possible et toujours espérée) recension.
en rude musique
Il y a sûrement plus de quatre frontières si l’on rajoute celles qui sont poétiques.
Quatre vents, quatre canaux, quatre mares musique du 4 qui sonne cependant
radicalement coupant
Faisant fi du fff
des frontières