Carnet de voyage(s) #65
Voilà un mois que se faisait le départ, et depuis quinze jours de retour ici, le temps passé, depuis le temps, le ciel couvert, savoir si ce sont les images ou le texte, dix degrés supplémentaires, tenter de discerner ce dont on a le souvenir, des promenades, ici à Trani, la cathédrale
on ne les voit guère mais des éléphants ornent sa façade, le soleil tombe sur le jeune garçon en vélo
les ombres sont fraîches, pour se promener, deux jolis petites lumières, des phares ou des balises, cernent l’entrée du port
on ne voit guère (il est vert) le turquoise sur la gauche
pas plus ? A peine… Pour partager ? Il y avait, il y a tellement longtemps, au siècle dernier sans doute, l’écran déjà tendu, les diapositives rangées déjà dans leurs camemberts, alors sont-ce ces réminiscences qu’on cherche ? Peut-être, mais plus sûrement le partage, rapporter de ces mondes vivants, parallèles au notre, des images et des mots, oui…
Une chaleur si douce, esseulée, blanche bleue calme tendre
Trani, avant d’y parvenir la route qui longe l’Adriatique, de loin, les salines, Barletta je crois, industrielle, Margherita de Savoia (reine d’Italie) la cité du sel
Zapponeta au nom qui ressemble aux héroïnes de Fellini non, je ne sais plus bien, le sud
je la repose celle-ci, quelque chose de Paradiso, j’ai repensé à cette côte-là; au loin on découvrirait l’Albanie; le promontoire de Gargano est en son centre couvert d’une forêt, Umbra se nomme-t-elle, une route sinueuse, et puis une sorte de petit lac, quelques canards
des daims en captivité nourris pas les enfants, quelque chose du zoo, quelque chose de l’esclavage
jamais aimé les zoos en tout cas, il y a là celui du jardin des plantes, je ne supporte pas, je préfère regarder la cime des arbres, la lumière, crois-tu que les choses en soient changées de ne les pas regarder ?
Je ne crois pas, non, probablement pas, nous marchions, le froid des sous-bois, la pluie n’allait pas tarder, sur le tour du lac, une passerelle et des gens qui donnent de la foccacia à manger aux tortues
l’ombre des hêtres
rassurante, calme et douce, la forêt d’Ombre (j’ai pensé à ces romans de Roger Zelazny, « Les Neuf Princes d’Ambre »), et puis la route redescend vers Vieste, balnéaire et touristique, ici on embarque vers les îles Tremiti
et les grottes, le ciel s’est chargé (il l’est un peu toujours, de temps à autre la pluie tombe, rafraîchit à peine les rues), on se protège, on avance, on regarde
au loin, vers le nord, on trouverait Trieste ou Venise, la pluie est passée, au travail se remettre
sur le pas de sa porte, fumer une cigarette
il fait chaud, on attend la douceur du soir, on monte, on redescend, un bar un café une boisson gazeuse ou un apéritif blanc, rouge, n’importe, s’asseoir, regarder le ciel
ou son portable
la voiture passe, tracte, s’apercevoir que seuls des hommes sont à l’image, mais les vagues n’enflent pas, c’est le soir, six heures et demie peut-être
au loin se découpe le phare encore
le doubler, dans la hauteur
c’est Vieste, voir et regarder, reprendre la route, se tromper, descendre encore, regarder, et derrière soi laisser laisser l’onde doucement se mouvoir
C’est beau le soir, et beau après la pluie, et beau en fait (mon vocabulaire un peu simplet et répétitif) (mais c’est aussi parce que c’est beau). Merci Pierre (et moi non plus les zoos, parce que non hein, les boîtes et les barrières, bofbof)
Belle dérive (l’enfant au vélo, le Supercinéma, le phare… la mer, enfin) et photos calmes.