Carnet de voyage(s) #62
C’est une sorte de presqu’île, on l’appelle le promontoire de Gargano, on l’appelle aussi l’étrier de l’Italie. C’est une région où le temps est parfois difficile (je crois qu’en hiver, la rudesse des paysages s’installe et ne compose pas, on le sent en passant dans l’intérieur). Le voyage qui a commencé à Orly, puis Naples, puis voiture traversante (comme on voit parfois des appartements), chaleur, sécheresse, déviations difficiles, une citron qui trimballait cent kilos de bagages et quatre cents d’humains, l’eau, l’arrêt au café de l’autoroute, les paninis, on voudrait arriver, on voudrait voir arriver la fin de ce petit voyage.
Et puis, voilà, c’est là.
Zoom avant.
La petite ville en haut à gauche, la plage sur la mer Adriatique. Deux semaines.
La maison, le bungalow, se trouve juste à côté de la girouette.
Sur la plage, les Italiens aiment à planter des parasols, comme dans les champs, ils plantent des oliviers. Un ordonnancement que démentent les jolis reflets de l’eau. Zoom avant.
Là, les parasols, personne sur la plage publique (elle est sans sans parasol, c’est avril, mais sur la droite ils y sont) . On discerne près de l’eau deux personnes semble-t-il. Ce ne sont pas ceux-là.
Mais ces images ne mentent pas : chaleur, galets, petites vagues et eau douce et salée.Des vacances. Bien méritées, sans doute. Je ne peux pas pourtant faire comme si le travail ne m’avait pas fui, comme s’il était normal de partir, j’avais quelque chose de difficile à vivre, j’ai tout oublié, voilà, la guerre, les affaires, les morts et les murs, voilà tout, alors la mer comme celle d’Eubée de l’année dernière, et les changements, les nuages qui envahissent souvent le ciel.
Les amis et les enfants, les rires et les galets, les serviettes, tu sais, étendues sur la plage, des rectangles de couleur, au marché les tomates sont à un euro le kilo, les trois livres d’aubergines au même prix comme les courgettes les haricots, les pâtes chez Trotta, les courses, l’arrivée, l’auberge et la découverte du décor de ces deux semaines.
Les filles riaient de ces fleurs
et du vent bruissaient les oliviers, les lézards s’en allaient vivants, courir, ici ou là, des citronniers
la campagne, les moustiques, la terrasse où on se fait tous dévorer, les pâtes à la sauce tomate, les fleurs, un doux parfum qu’on respire
les rires, la terrasses, au loin on entendait les animations des campings, le karaoké
ce n’est pas vraiment un reportage, les chansons de notre temps, « gangnam Style » en boucle, barbecue et des enfants dans les piscines, les tongues, les bermudas, et tous ces Italiens tatoués, les rires des tout petits, j’ai repensé à mes débuts ici, j’ai repensé à cette plage qui se nommait Neptune
et dans une petite ville, Trani, une sculpture de lion et un vieux cinéma désaffecté…
[…] la repose celle-ci, quelque chose de Paradiso, j’ai repensé à cette côte-là; au loin on découvrirait […]