Vases Communicants #40
Bienvenue sur « Pendant le week-end » à François Bonneau, pour ce vase communicant de septembre treize dont le point de départ est le mot « mariage » agrémenté de trois photos identiques. Ici son texte, tandis que celui de Piero Cohen Hadria se trouve sur le blog irrégulier.
(on peut entendre les effets du mariage en cliquant sur le Titre Tinte)
Depuis le vendredi, ça tintait autour de Damien. Qu’aurait-il bien pu contrôler ? Toutes les flûtes débordantes carillonnaient et l’encerclaient, toutes ces coupes à l’unisson le remplissaient de leurs bruits denses.
Alors il regardait son doigt, encerclé comme lui, gainé d’un anneau de métal. Alors il regardait celle qu’il appellerait son épouse, désormais.
Celle qui semblait plus étourdie encore que lui par tous ces tintements. Qui mâchait avec élégance, pourtant rassasiée, en ce dimanche. Peut-être, elle aussi, rêvait-elle de s’éclipser, enfin. La cérémonie avait été belle.
Et puis lui revinrent en tête les paroles de son témoin : « dans deux jours, tu auras grand besoin de regarder à l’intérieur de ton chapeau. » Alors il enleva son melon, en tâta la doublure. Là, une légère surépaisseur. Un carton plié, qu’il sortit, ouvrit et lut. Faire-part : il était invité à célébrer d’autres noces que les siennes. En ce dimanche ; la date s’étalait là. En partant dans la seconde, ils y seraient à temps…
Il regarda autour de lui. Son épouse tirait de son chignon le même bristol plié. D’un signe de tête, son témoin lui indiquait la porte. Interloqués, les jeunes mariés sortirent.
L’invraisemblable voiture les attendait là, qui démarra dès les portes refermées.
Voilà donc notre cadeau, comprirent-ils enfin : du silence, et nous. Les mariés alibis, Cécile et François, en auraient fait autant.
Deux heures plus tard, l’un des convives s’écriait encore : « où est la mariée, que je trinque avec elle ? »
Texte : François Bonneau; images 2 et 3 : PCH
Les autres vases communicants sont recensés ici par Brigitte Vélerier à laquelle on adresse nos remerciements.