Carnet de voyage(s) #48
Douze pour cent de billets consacrés au voyage et à son compte rendu en images
j’aime ça mais je ne pensais pas.
Je ne pensais pas en commençant.
Je ne pensais pas, je ne pense toujours pas : des « Oublier Paris », aux « Sur le bureau » en passant par les « Vases Communicants », quelques séries (ce mot a quelque chose de la consommation, de ce qui nous englue, toutes et tous dans des questionnements idiots – changer de portables, de logiciels (on ne dit plus ça, on dit « app ») tant il est vrai que les changements de dénomination – comme les pseudonymes qu’on emploie – font partie de ce qui fait tourner ce monde-là, de safran à orange en passant par vinci ou autre dérive qui pirate tout ce qu’elle peut trouver à commencer par la réalité originale et démesurée de la création) (et même la création, elle-même colonisée par les « créatifs » de cette gangrène cancéreuse du monde – et pas seulement de celui de l’image – qui s’étend partout, la publicité, cette ignoble machine à « faire vendre ») quelques séries qui servent donc à se battre. Ici poser des images
parce qu’on les aime.
Le troupeau, son berger
ses animaux
et les arbres
le champ voisin
la maison, cette maison.
Décider de les poser tous les deux jours, mais au fond, pourquoi cette fréquence ? Pour regarder ensuite les statistiques du blog ? On s’en fout, parfois elles montent, parfois elles décroissent, et les robots sont là, qui veillent, mais les images elles
sages comme il se doit, rendent l’oubli un peu moins prononcé, hier, un mail de ceux qui sont devenus des amis nous est parvenu, le citer ici, du moins la fin, donne une exacte conclusion à ce voyage :
» This difficult situation in
Greece,
your visit it was precious for us.
Merci
Au revoir
T – M »
Oui, votre accueil nous a été précieux
tout autant
quelque chose de vrai dans le monde du jour
comme travailler les champs d’oliviers, ce sont les mois d’été et ces mois-là, il y a plus de quarante ans tu vois, quarante quatre exactement, ils se passaient à l’usine, puis au dépôt, puis dans un appartement de la rue des Jeûneurs, non loin de celle du Croissant, puis sur les quais de la Gare, derrière Austerlitz, où les cadres dans les verts de la CNC disposés à la va-vite, étaient l’objet du recensement chaque matin, chaque début d’après midi, aujourd’hui, les vacances, les ciels et les enfants, les économies et le travail, chercher toujours, chercher encore, le facteur apporte une lettre recommandée qui annonce « en effet, au regard des différents critères de jugement techniques et économiques, votre offre n’a pas obtenu la note la plus élevée » (tu parles, deuxième au prix, sixième à la technique), cette prose absconse, « nous vous remercions toutefois de l’intérêt que vous avez manifesté pour cette opération » opération, tiens le mot est lancé, opération calcul billard carambolage rouge et blanc « tu as la pointée » disait mon ami qui vivait dans cet immeuble de l’avenue Secrétan, son père photographe
un de ces mois d’été
quelques jours à débarrasser l’école où il enseignait, à Ivry peut-être bien
ou alors à Vitry
les mois d’été et les vacances à la Croix-Valmer, mes soeurs avec leurs pantalons bouffant, ma grand mère qui souffrait de la chaleur (celle de la porte d’Orléans, le jaguar sur la cheminée), ou alors la Bourboule, une carte postale à mes soeurs « loin des yeux mais pas loin du coeur » avec une girafe, ma tante l’hôtel, les bains de pieds
l’eau soufrée, ou encore Saint-Nectaire ou Murol, ah le titre du film m’échappe, Louis de Funès dans le massif central, Michèle Morgan à Saint-Raphaël ou Saint-Tropez, années soixante et Dario Moreno, le lac Léman et les plages en pelouse quelle idée, le jet d’eau et le quai Gustave Ador, mon oncle et ses deux chiens dalmatiens
mon grand père qui regarde du balcon cette étendue fermée et au loin, Lausanne, tu te souviens petit Pierre, ou encore Luchon ou encore comme les lieux de Perec où on a dormi
en faire l’inventaire, quatre cents, les vacances
quatre cents, des images au hasard, comme s’il en pleuvait
continuer, avancer, ne pas tenir compte des chiffres, des économies, des suggestions, et continuer avancer, suivre, envoyer quelques mots ici
rue Madame, là, rue Mademoiselle, Monsieur, cartes postales, le port, la plage, il fait beau au soleil, tu sais, il fait si doux
ne tenir compte que des gens, des chèvres, des oliviers, des souvenirs (durs mais aussi tranquillement tendres de ceux qu’on aime) et basta pour le reste
« Des images au hasard, comme s’il en pleuvait » : mais le hasard fait bien les choses et la pluie, quand s’annonce la canicule, est la bienvenue…
Grèce de mes souvenirs aussi, j’attends ou je revois l’heure de l’ouzo, les maisons blanches collées au ciel bleu (île de Paros) et les petites graines à décortiquer – on en a parlé l’autre jour !
400 billets : plus important que les euros, en définitive ou peut-être.