Carnet de voyage(s) #47
Arrivés dans une nouvelle maison
il faut s’habituer à la présence des autres. Troupeaux
animaux, insectes, arbres fleurs et fruits, la chaleur, le ciel si bleu, la vie si simple. Au bord de la route, au bord juste là des vendeurs de fruits légumes pastèques et tomates
aubergines oignons rouges piments et poivrons comme dans le sud (je me souviens de ces vendeurs entre la Croix Valmer et Cavalaire, des plateaux de pèches, des cageots de melon, point encore de brugnons, les pastèques énormes, je me souviens des vacances où j’étais enfant), et à quelques centaines de mètres, la mer, douce et bleue, le port à quelques kilomètres
les gens assis à l’ombre, l’âge leur est venu, ils sont là
café verre d’eau, chapelet à la main, on les distingue, ils sont là, dans l’ombre des parasols et sous les stores des terrasses, parlent et vivent, l’air est au loin tendrement, les bacs passent, les autos les camions, la chaleur et la lumière, au devant de certaines villas
propriétés comme ici, de petites églises, mausolées, chapelles (la loi les dispense du paiement de l’impôt, les riches propriétaires se font bâtir ces minuscules églises à eux seuls ouvertes) (ici la villa, immense, bord cadre à droite) mais partout des couleurs de fleurs
partout cette chaleur qu’on empêche d’entrer, cette vie à l’extérieur, respirer le vent doux calme une sorte de bonheur, dans la pièce au sol de marbre rouge
il y avait au mur blanc ce carré blanc, je ne pensais pas à Tunis et à son avenue de Londres, ni à sa rue de Marseilles, j’étais sous les arbres
lisant la venue au monde du petit Albert Camus, un carillon au vent sonnait doucement, s’habituer aux autres hôtes
à la porte les chats tentaient de nous attendrir (on leur aurait jeté des chaussures si on en avait eu) et restaient non loin du seuil dans une sorte de défense passive (ils sont encore à ce coin de jardin
tandis que moi, nous, déjà revenus, déjà à nouveau à l’ouvrage) à l’ombre les feuilles des oliviers l’argent sur leur avers, dans le champ juste là reviennent les moutons, huit heures du soir, neuf heures, le soleil a fui il faut arroser