Vases Communicants #30 octobre 12
« Pendant le week-end » se réjouit d’accueillir Déborah Heissler pour cette édition des Vases Communicants, tandis qu’elle accueille Piero Cohen-Hadria sur son blog Carnets et autres notes.
– quittez, en laissant vibrer
Pourquoi sommes-nous si obsédés d’interrogations sur la modernité, sur la question de la modernité, et de la rupture ? Bien sûr, il y a une dimension historique à cela. — Hidetaka Ishida, (in « Le temps des œuvres, Mémoire et préfiguration » [conclusion]).
Des traits, un regard qui vous saisit, c’est pour cela que je me suis arrêtée parce qu’ils sont beaux ces hommes, ces femmes, parce qu’ils étaient beaux ces portraits (il m’est arrivé une autre fois aussi de m’arrêter devant un corps, l’image d’un corps, calciné — Hiroshima ou Nagasaki peut-être bien ?).
Kamaitachi, littéralement : le « faucillon de la belette », terme désignant une affection cutanée (lésion soudaine de l’épiderme sous l’effet d’une turbulence d’air froid, phénomène fréquent dans la région du Tôhoku) dans « Mémoire et préfiguration » que je viens de relire.
Noirs, blancs calcinés, tout simplement esthétiques et lumineux, beaux, eux aussi. Il a fallu travailler sans doute pour obtenir ce résultat.
Jeux d’ombre qui découpent un torse, je crois que c’est un torse. Il a fallu s’arrêter, évaluer, estimer, je ne suis pas là par hasard et derrière l’obturateur il y a un œil qui lui aussi scrute, frôle, effleure.
Esthétiques et lumineux simplement ces clichés exposés dans un musée de Paris, dont j’ai oublié jusqu’au nom aujourd’hui (— et troublée, je ne suis pas inquiète, pas même inquiète et trop âgée pour n’être que ou n’être pas troublée, je ne crois pas d’ailleurs qu’il s’agisse là d’être inquiète. J’ai composté le billet, il y a le R.E.R., on m’attend de l’autre côté…).
Texte : Déborah Heissler. Source photo
Les autres Vases communiquent ici. Merci à Brigitte Célérier pour tout ce qu’elle fait pour ces éditions des Vases communicants, dont on peut retrouver ici le Scoop it de Pierre Ménard.
J’aime le mystère de ce texte comme une photo non encore développée mais imaginée : donc tout est possible.
Merci à vous Dominique, et pour vous répondre je copie-colle ici faute de temps un échange sur FB entre une amie – qui ne m’en voudra pas je crois, si je la cite ici – et moi.
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Il y a 27 minutes · (Sabine Huynh) / « je ne suis pas là par hasard et derrière l’obturateur il y a un œil qui lui aussi scrute, frôle, effleure » — j’aime les moments de clarté voilée de ton texte, Dee.
Il y a 16 minutes · (Déborah Heissler) / C’est une longue histoire avec Piero, liée à l’urgence de l’échéance: la photo est réelle, l’expo datée d’au moins 10 ans aujourd’hui… mais j’ai été obligée de reprendre un souvenir vaguement consignée dans un carnet à l’ancienne (au stylo-bille) – la beauté esthétique d’un corps, photographié en gros plan, quasi abstrait de fait, des noirs et des blancs… et mon « écoeurement » quand je découvre sur le cartel au bas de la photo que c’est bel et bien un cadavre… Pour l’échange avec Piero, pas réussi à coller sur mon texte autre chose que ce paysage étrange et lunaire…
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Et bien sûr, un grand merci à Piero Cohen-Hadria.