Pendant le weekend

Carnet de voyage(s) #26

Très souvent se pose la question de savoir ce qu’on est en train de faire et pourquoi, dans quelle mesure cela serait de quelque chose, et sans doute est-ce aussi là la raison de la fréquence de ces billets. Dans les premiers jours des mois de septembre, j’avais coutume d’aller , tous les jours et tous les matins, à la piscine. Pour retrouver un peu quelque chose des vacances : dans ces moments-là, juillet et août se passaient au travail, de seize à vingt ans, puis moins, car partir en vacances avait quelque chose à voir avec le monde que je côtoyais alors. Comme aujourd’hui, peut-être, chercher toujours quelque chose à faire pendant les mois d’été, ça a été quelque chose d’important, tout comme il fallait trouver quelque chose à faire pendant le week-end.

L’alternance du travail et des vacances, c’est quelque chose de détestable, sans doute parce que les vacances, ça n’existe pas. Et pourtant, si. Pendant que certains travaillent, d’autres ne font rien ou presque. Jouent avec les enfants, s’ils sont petits, ou pas. Lisent. Se sèchent au soleil, s’enduisent et s’oignent de crèmes qui combattent le soleil, portent des chapeaux et des lunettes pour se prémunir, tentent de s’abstraire de l’horreur qui veut que le soleil soit pour quelque chose dans cette longue maladie qui, dans les années à venir, nous emportera peut-être, qui peut savoir un sur deux dit la statistique

la peau se couvrira de tâches noirâtres, les cheveux choiront, d’autres symptômes encore intérieurs peut-être, tout cela à cause du soleil ? Impossible. Trois ordres sont dans le mensonge, l’omission, la religion et la statistique… Et cette maladie, sera-t-elle jamais en vacances ?

La plage, se baigner, y aller, nous y allions à pied, ici on verra les pères emporter les enfants

casquettes, petits débardeurs légers, sur une mobylette Motobécane qui était neuve lorsque j’étais enfant, et voir ce monde, donc, qui se saisit de ces objets que nous autres, enrichis d’eux, nous avons jugés obsolètes, nous avons jugés inutilement datés, anciens, vieux, vendus, donnés, eux les utilisent, et particulièrement ces deux-roues, ce moteur, ces cagettes de plastique où on enterposent les fruits qu’on récolte, ce travail, toujours là

emmener les enfants à la plage, se baigner sans une sorte de maillot qui serait tellement différent d’une culotte, simplement, se jeter dans l’eau tiède, et revenir sur le rivage tranquillement s’allonger sur le sable dur, ou alors sur le mou si on veut y retourner, tandis que d’autres travaillent

je n’ai pas pris le cliché de cette femme sans doute de ménage qui vient tous les matins, à huit heures, devant la maison un chemin de poussières et de pierres obligeait les conducteurs à ralentir, le cliché de ces gens qui vont travailler

ou qui en reviennent

la mobylette qu’on partage

ce n’est pas si près, tourisme et service

une sorte de presse qui les envahit, des choses à faire, le soleil qui pèse, les casquettes, les bermudas, les manches des chemises retroussées, il y avait là un type qui refaisait une canalisation, qui commença le travail vers dix heures, un soir, pour le continuer le lendemain, dès sept heures, jusque huit heures du soir, harassé, ici c’était le lieu de la lecture le matin

déclencher à l’aveugle, le temps qu’ils passent on ne saurait le dire, qui est-ce donc, des gens qui vont à la plage, au travail, qui emmènent leurs enfants, leur femme peut-être, allers et retours, la brise un peu sèche qui vient ici, au bord de l’escalier, on tourne le dos au pays, aux collines

mais j’aimais à entendre l’âne devant la maison, son maître parti à la plage, se baigner, se laver arriverait bientôt, sur le sol, il poserait un plastique un peu rigide, en guise d’oreiller, un morceau de carton sur quelques cailloux, il s’allongerait, l’animal lui mangerait quelques buissons asséchés, et lui, sur ses mains croisés sous son oreille, il dormirait un peu avant de rejoindre le village et son travail

non, la mer n’est pas loin, le ciel y est, le sable glisse sous les pieds, on marche, on découvre la plage, on s’attendrait à voir surgir son frère de quatre ans son aîné, mais non, ou alors c’est en rêve peut-être

cette maison, blanche tous les deux ans, les bleus un peu moins souvent, à la chaux, Philippo les échelles et la chanson qu’il sifflait, là, non, ce n’est pas là mais la plage, la terrasse, le petit vent, le livre et au loin les étoiles qui brillent mais qui jamais ne se montrent sous le soleil

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1 Comment

    différences de ces deux modes de vie qui se côtoient sans vraiment se mélanger même si on voudrait le croire, mais union par le soleil, les goûts, la mer