Sur le bureau #5
Comme un air de joie, juste parce que l’ignominie a cédé le pas… A-t-elle jamais triomphé ? Je suis allé voir le film de C. Delage produit pour la télé, Georges Stevens, John Ford et Sam Fuller, la fin de la deuxième guerre mondiale, l’ouverture des camps et les images pour prouver que ça bien eu lieu, des hommes, marcher dans la rue
oui, aller voir, ça n’a rien à voir, mais ce que faisait le précédent et son gouvernement
nuits et brouillards, sans vouloir vraiment le dire et sans doute en le sachant fort bien était bien de cet ordre, aller à la guerre, j’ai regardé les fleurs du jardin, des myosotis
qui m’ont fait penser à Georges Brassens, les serres et au loin
la mosquée, on allait voir « Le Solitaire »
marcher dans les rues et regarder les chantiers
passer dans la journée, regarder les gens vivre
et bouger, ici
ils peignent à la terrasse du café, postuler que ce quartier-là est le vôtre, pourquoi pas, en prendre des photos, en quoi est-il plus le mien que celui d’autres ? Je ne sais pas exactement, je documente, et alors ?
Je prends des photos, j’y pose des mots, et après ? ça n’empêche pas la fille du borgne d’éructer sa haine tout en la travestissant avec des mots douceureux, non plus que celui qui s’en va « j’vais vous dire une chose » mais non, inutile, dégage comme disaient les Tunisiens à Ben Ali, il y a un an, un ami, les bâtiments grandissent
on pose étage sur étage, grillages sur grilles, fenêtres et festons, le ciel bleu par dessus le toit, puis on les rénove
le monde en passant, aujourd’hui le nouveau a gagné, tant mieux on le voulait, le voilà, mais les autres, tous les autres qui n’en veulent pas, les faire rendre gorge ? Les convaincre ? De quoi ? de rien illustrer, les quais de la gare du nord
vus du métro aérien, par Barbès, de Clichy à Belleville
descendre le faubourg, marcher éviter ces travaux inutiles de la République mais il va falloir les mener, ce petit cinéma de la rue du Temple, ce film de Visconti, cette perversion toujours présente, regarder les corps avec une certaine avidité, en noir et blanc, mourir la bave au lèvres, suicide,
il y avait « Sandra », il y avait « Senso », il y avait « Ludwig », des héros mais le prince Salina (Burt Lancaster, magnifique, nu devant le prêtre « oh arrêtez mon père allons passez moi cette serviette…! »), le rire de Tancrède (Delon, qu’on a vu dans ce film de Alain Cavalier,
« l’Insoumis »), le cinéma pour oublier le monde, la vie et les autres ?
Pour se rendre compte qu’il est temps d’écrire, le voyage, les rayons du soleil sous les gouttes de pluie, ne rien oublier, garder devant soi ces images et ces couleurs, regarder les gens courir
aux Buttes Chaumont, puis laisser là toute cette humanité suante, oublier le travail, la dureté du monde, penser autre chose, autrement et ailleurs (c’est juste changer de cadre)…
« ça n’empêche pas la fille du borgne d’éructer sa haine tout en la travestissant avec des mots douceureux, non plus que celui qui s’en va « j’vais vous dire une chose » »
mais les myosotis, les chantiers, Visconti et Cavalier, peindre dans un café..
continuer
Oui, il y a quelque chose de changé, « quelque chose d’indéfinissable » comme chantait Barbara, l’air semble plus léger – oui, on peut toujours rêver ! – et la ville nous aspire, même si parfois on est « solitaire » (ça t’a plu ?) en ses rues, ses avenues, ses advenues.
@ brigetoun : oui, voilà, continuer…
@ Dominique Hasselmann : « le solitaire » (Michael Mann, 1981, tiens donc…!) vaut surtout pour James Caan qui interprète son rôle magnifiquement. POur le reste, comme je te le disis au Corbeau, un scénario à la « Drive » sans vraiment beaucoup d’intérêt (en fait, aucun) (je trouve). Merci pour le lien vers Barbara (hey, comme elle danse, c’est pas magnifique ça ? hein ?)…