Pendant le weekend

Oublier Paris # 36

Je suis allé faire refaire mes papiers d’identité, j’ai coché la case du bas, j’ai attendu un moment, j’avais pris rendez-vous préalablement, et préalablement encore, avais été chercher le document à remplir (cerfa N° 12100★02).

J’avais le numéro R15 qui s’est affiché, guichet 4. Evidemment, j’ai repensé à cet été, j’ai essayé d’oublier, la fonctionnaire en face de moi était glacée, ou alors murée, ou peut-être enfermée ou échaudée probablement par toute sa matinée « face public » comme dit l’autre (il est midi quarante, et on fait des tours pour aller manger).

Vingt jours, c’est le délai d’obtention d’une la carte d’identité française et sécurisée.

Dehors le froid. Au coin de la rue, une brasserie.

On pense au grand Charles, fatalement (le nom de cette brasserie, c’est « au renouveau »),  dans la rue ce coiffeur

 

FC ? Football club ? ou cette enseigne qui prouve qu’on sait s’amuser

ou encore cette devanture, des paires de chaussons pour bébés heureux (l’embrigadement au berceau, ça a quelque chose d’ignoble)

des sentiments d’appartenance qu’on fait revêtir à des êtres qu’on traite comme des objets, je n’aime pas ça, mais le commerce n’a pas d’état d’âme, l’important c’est de vendre, de faire des affaires quand même elles seraient porteuses d’exclusion et de haine de l’autre (on sait reconnaître un bébé patriote ainsi, ces marques, ces images de marque…), on passe, on se rend vers la porte, la promenade comme un fil

face à ce salon euro-afro-américain (on y coiffe donc une moitié de l’humanité)

petite enseigne qui m’a fait penser au groupe de Bono, avancer dans le froid coupant, ici on préserve la rue d’un effondrement programmé

une entente entre des bâtiments, se soutenir l’un l’autre, rester en place, sous le ciel bleu et dans la joliesse de la proximité des arbres, objets, appartenance, continuer, rentrer, le froid la neige, se pencher à la fenêtre de la cuisine, en bas, ces baies

bande son de ce billet  « if you don’t know me by now » si on veut par Seal

 

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1 Comment

    et ma petite tristesse me reste, mais je l’ai promenée