Carnet de voyage(s) #5
Rubrique(s) : Carnets de Pierre Cohen-Hadria / Carnets de voyage(s) / Ville (ma) vue du sol
13 septembre, 2011 2C’était au sixième. Un appartement immense, comme on aimerait en côtoyer dans ses rêves, on entre, une double porte dont l’une vitrée, opaque, on entre, un bureau au fond de l’entrée, quelques portes, un petit escalier sur la droite qui monte à l’étage certainement. Derrière le bureau, comme un cagibi, le panneau de clés, chacun des trousseaux portant la clé de la chambre et celle de la porte de la rue , celle de la porte de l’appartement… A droite un couloir, quelques chambres. A gauche, un couloir et quelques chambres aussi? Peut être en tout, huit ou dix. Au milieu, une cuisine, un débarras.
La six.
Voit-on, à droite de la fenêtre, cette espèce de renforcement ? Il s’agit de la prise d’air de la salle de bain, qui se trouve à droite aussi, derrière ce mur, trois marches y mènent.
On entre, on prend au sol ses marques.
On entre, les persiennes.
C’est qu’il fait chaud. On ferme. On ne laisse ouvert que peu, parfois, le soir.
Le matin, de cette chambre-ci, 6, le fin soleil, cinq heures.
L’air est doux et tendre. On sait qu’il fera chaud, on aime à le savoir même si on le redoute un peu, on se préparera en conséquence, on verra pour l’excursion vers l’est…
De plus près, cinq minutes plus tard, peut-être, de la rue commencent à venir bruits et rages de deux roues, camions, autobus, le monde revit.
Du précédent qui se nomme Bellevue, on observait cette véranda, ouvrant d’un restaurant, on passera devant l’entrée
quelques fois, on ne restera pas, on ira à Caffaro, numéro 3 je crois, appartement quatorze, de la chambre six duquel on a vu le matin, de la quatre on verra le soir
la 4, chambre impériale, six fenêtres qui donnent au sud, au coin, nos marques de marbre
le port au loin
on ira marcher, parcourir ces rues en pente, tout en bas le port et ses respectueuses, ce métier qu’on dit du monde le plus vieux, quelle peine, quelle gloire, quelques billets, pour le plaisir disait hier soir dans le poste cette femme, c’est quatre sous, une ville, des humains, marcher, avancer et laisser derrière soi les turpitudes, laisser derrière soi les petits restaurant où on mange ce pesto genovese à toutes les pâtes, gnocchi ou toffi, boire un peu, regarder ce que c’est que ces traversées automobiles, ces bruits et ces odeurs, une ville, un port, des calamars frits en beignet, de la petite friture, farine sel citron, papier journal, aller, des arcades comme à Tunis, je me souviens de la glace à violette de Malou, je me souviens aussi de sa teinture aux cheveux, ce mauve doux et diaphane parfois sur ses cheveux si blancs
c’est la cathédrale qu’on aperçoit, bicolore au dôme de cuivre vert, San Lorenzo, une bombe y est fichée dans un mur, dit-on, et des toits de Gênes, partout, de petites terrasses, des arbres, de la verdure, de l’eau qui coule, parfois, les gens qui y dînent, j’ai pensé à Brunetti à Venise, j’ai pensé à Fortunato à Latina, sa terrasse donnant sur les montagnes et à nos pieds, ses vignes, aujourd’hui, 13 septembre, voilà trois ans, elle s’en allait…
le cliché se brouille, c’est ainsi, les récits de voyage(s), cette ville où, jadis, je crois, officiait un de mes oncles, ou un cousin, ou je ne sais quoi, cette ville, Christophe Colomb, l’oubliera-t-on jamais, cette ville et ses doges comme ceux de Venise, cet été, ces vacances, mais le retour, le travail et cette nuit, comme un retour, c’était un samedi
photos : merci à mc.
ai rêvé (un de mes regrets cette ville, et dans ces conditions…)
Gênes est porteuse d’images (ou les attire et se laisse attraper), ton filet à imagination a bien fonctionné.