Otto Preminger et Jean Renoir
Le premier
est interrogé par une critique d’art (on ne la voit que très peu, en bas, gauche cadre, Annette Michelson), le second par la petite équipe qui tourne, sous la responsabilité de Jacques Rivette, si j’ai bien comrpis.
Quels sont donc les points communs entre ces deux réalisateurs de cinéma ? Je ne sais pas, je les réunis ici parce que je suis allé voir ces deux films produits par André S. Labarthe.
Il était, d’ailleurs, présent lors de la projection de ce qui restera
peut-être des rushs d’une émission qui, lorsqu’il tourna cet entretien avec Otto Preminger, n’était déjà plus dans la grille de programme élaborée par Jacqueline Baudrier (c’est sans doute, très probablement, l’idée qu’elle avait du cinéma et de son traitement critique à la télévision – en 1972 : lorsqu’on regarde ce qui se passe à la télévision aujourd’hui, on comprend que cette dame avait une certaine prémonition).
André Labarthe et la monteuse de ses films qui explique comment le film sur Preminger n’a pas pu être monté.
On vit dans ces rushs, quelques extraits des films de Preminger, « Angel face » avec Jean Simmons qui joue du piano tandis que sa mère et son père se tuent au volant de la voiture qu’elle a elle-même sabotée; « Le Cardinal », avec une Romy Schneider évadée des Sissi, qui joue le rôle d’une femme amoureuse d’un homme qui deviendra cardinal mais qui épousera par dépit une juif qui, se sachant découvert par la gestapo, se jettera par une fenêtre ouverte sur Vienne;
Le jeune homme s’est jeté trop vite…
« L’homme aux bras d’or », avec Frank Sinatra et Kim Novack…
On n’eut pas droit à quelques plans de « Carmen Jones » ou de « Laura », mais qu’importe : Otto Preminger parle de son métier, tout en ne dévoilant rien : on peut, peut-être comprendre alors en quoi les entretiens donnés aux journalistes sont dans l’impasse si ceux-ci cherchent à savoir ce qui, hors la passion (?), anime certains réalisateurs de cinéma.
Otto Preminger est passé du statut d’employé de Darryl Zanuck (la Fox) à celui d’indépendant, il raconte ce passage,
il raconte son amour pour l’art contemporain,
mais peu de choses sur sa direction d’acteurs qui est sans doute, avec le scénario et le reste d’ailleurs, le compartiment du jeu (de cinéma) dans lequel il excelle.
Il en est de même pour Renoir qui, lui aussi, aime les acteurs
et qui pense (probablement différemment de ceux qui sont en train de le filmer) que l’importance des acteurs et de l’acte de jouer est si grande qu’un rien (un clap, serait-il de fin, une mesure d’un opérateur,…) peut nuire à ce jeu, et que le film peut s’en ressentir.
Renoir parle avec Michel Simon
(ils évoquent un peu « On purge bébé », parlent beaucoup de « Boudu sauvé des eaux »-recueilli par un libraire-
et aussi de « La Chienne »
) mais surtout, ils cabotinent, alcool aidant : n’est-ce pas ce qu’on leur demande ? On le craint en regardant ce film, on en est sûr lorsqu’on perçoit les regards caméra de Jean Renoir, et encore plus assurés quand on perçoit le montage du film présenté (par exemple en remarquant les cerises servies en arrière plan, puis goûtées par Michel Simon, puis encore le verre vide cuillère posée dessus, puis les cafés…) : c’est sans doute gênant mais voir Michel Simon noter dans un petit agenda le titre d’un livre dont parle Renoir, entendre leur vouvoiement, les voir rire suffit à comprendre que le cinéma reste un art humain avant de devenir, (comme aujourd’hui Hollywood ou d’autres encore) une industrie mécanique financée, par un retour des choses dont le sens donne froid aux os, par la télévision et ses tenants arrogants.
[…] paraît simplement résolu, il reste souple et tente d’aider au mieux les acteurs. Tout comme Jean Renoir le disait à Michel Simon (qui acquiesçait d’ailleurs), mettre un clap sous le nez d’un acteur avant qu’il […]