Les films, le cinéma et le scénario
Voilà un cinéaste qui, à vingt neuf ans, se voit décerner (en 1966, à égalité avec Pietro Germi pour « Signore e signori ») la Palme d’Or du festival de Cannes (président du Jury : Sophia Loren, je l’adore) et l’Oscar du meilleur film étranger
Claude Lelouch, le Pape et la Reine d’Angleterre
à Hollywood (Oscar remis, qui plus est peut-être, par Ginger Rodgers et Fred Astaire – soit la reine d’Angleterre et le pape dans le monde courant, pour ceux qui ne connaîtraient pas ces deux danseurs magiques).
Le film primé, « Un homme et une femme »,est une « histoire simple » (deux personnes
Anouk Aimée (on l’a aussi aimée dans « Lola », Jacques Demy, 1961)
-Anouk Aimée formidable;
Jean-Louis Trintignant, extraordinaire), veuves toutes les deux, se rencontrent et s’aiment)
La plage, la rencontre
C’est un film de cinéma, on pleure, on rit, on a envie de les embrasser (pas de quoi casser trois pattes à un canard comme scénario, il faut pourtant quand même en convenir) (mais on pleure, et on rit, et c’est bien).
Le contexte de ce film : les 30 glorieuses en France, De Gaulle du haut de sa superbe, la Caravelle (1959), le paquebot France (1960) ,
et le Concorde (1969).
On a compris.
Bon tout va bien, sauf que les scénarios des films de ce cinéaste continuent sur le même chemin.
S’il ne fait aucun doute pour personne que l’amour est ce qui intéresse le plus chacun d’entre nous (la haine aussi, l’amour la mort, enfin le truc qu’on côtoie tous les jours, qui est là -tant mieux- ou qui ne l’est pas – où est-il ???), n’en faire la matière – ou le ressort – de tous les films suivants devient, assez rapidement, un peu fatigant (on change de décor de genre de musique etc etc…).
Je suis allé voir ce film au cinéma des Cinéastes, « D’un film à l’autre », salle parfaite, copie magnifique, son juste. Nous étions une quinzaine dans la petite salle 2 : très bien.
Je suis content d’y avoir été (j’ai revu Charles Denner, mon (l’un de mes) acteur(s) préféré(s) – il ressemble à mon père )(en plus speed) (il y a aussi Gian-Maria Volonte) (et Jean Bouise,
Charles Gérard, Claude Lelouch, Jean Bouise
je l’adore celui-là aussi, parce que « Z » Costa Gavras-il y avait aussi Charles Denner, magique- , 1969, parce que « Mourir d’aimer », André Cayatte- madame Girardot, sublime-, 1970, parce que « Monsieru Klein » Joseph Losey,1976 , parce que Isabelle Sadoyan, entre autres), mais je déplore quand même, bien que le cinéma ne soit constitué que de « trucs » (évidemment, c’est du cinéma), je déplore que Claude Lelouch truque, toujours.
Le premier plan du film, 9 minutes et quelques travelling dans les rue de Paris à tombeau ouvert (au fond la place de l’Etoile).
C’est dommage, enfin je n’ai pas non plus vu tous ses films, il faut bien le dire (je me souviens bien de Françoise Fabian
Lino Ventura et Françoise Fabian
qui fout dehors son flirt -Frédéric de Pasquale- parce que Lino rapplique, un matin tôt, sortant de prison certainement, je crois – c’est Lino, ou c’est Delon ? Non, c’est pas Delon, Delon ne joue pas chez Lelouch : c’est ainsi; ce sont les acteurs qui ne jouent pas dans les films de Lelouch qui, de ce point de vue -mais lequel ?- seraient une exception).
C’est juste qu’on aime les acteurs, Lelouch et moi. Mettre Jacques Dutronc
Au centre, les 2 Jacques (Dutronc et Villeret)
et
Catherine Deneuve qui embrasse Anouk Aimée.
Catherine Deneuve sous la douche s’embrassant, évidemment, il faut oser (personne n’est à l’abri des erreurs de distribution – casting j’aime pas, c’est comme cattering, ça me défrise) , faire un western avec des Indiens et une auto, il faut aussi oser…
Des voitures
des acteurs
Marthe Keller qui s’en va d’Orly
des images
: si Dziga Vertov ne l’avait déjà pris, on aurait donné à ce cinéaste le titre de « l »Homme à la Caméra ».
Quelques heures avant sa mort, Patrick Dewaere répète « Edith et Marcel » avec Evelyne Bouix
Après tout, si ce cinéaste a un goût particulier, qui l’en empêcherait ? Il continue à tourner, grand bien lui fasse, il continue à séduire, bravo, très bien. Quoi d’autre, des critiques qui ne seraient pas, pour lui, aussi sévères que pour d’autres ?
André Dussolier lit les Cahiers du Cinéma.
Et pourquoi ? En souvenir de sa Palme et de son Oscar ? Je ne crois pas que ce soit une bonne raison. Ou du moins suffisante.
Bonne route, après 50 ans de cinéma, bonne route, Claude.