Vases Communicants : avril
« Pendant le week-end » est très heureux d’accueillir Anne Savelli, tandis qu’elle accueille Piero Cohen-Hadria à l’une de ses fenêtres.
What’s my line ?
Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre !
(oui, oui, on connaît, entend-on déjà)
Il semblera impossible d’écrire quoi que ce soit sur Richard Widmark. On se contentera d’instaurer une journée internationale de, le 30 avril, date arbitraire, durant laquelle on injectera sur Facebook, à doses renouvelées, des photographies tirées de la base de Life.
On ne pourra pas dire Cet homme est mon genre, Cet homme n’est pas mon genre, ou encore Je me souviens de son premier rôle de sadique dans Kiss of death même si je ne me souviens pas du film – d’ailleurs, est-ce que je l’ai vu ?
On ne dira pas non plus : vers 14 ans, j’élis Richard Widmark qui, alors, devient mon genre, dans la lignée de James Dean (mon genre à 12) pour me distinguer des filles qui préfèrent… qui ? Aucune idée.
On voit qu’il s’agit de questions cruciales.
Pas de Richard Widmark en poster, pas de filmographie complète, aucun bon mot. Dans Le Film noir édité par les Cahiers du cinéma, Noël Simsolo insiste sur l’hystérie des personnages de truands qu’il incarne. Répondent à l’appel : tueur drogué cruel et maniaque, diabolisation, assassins frappadingues, pulsions sataniques, ricanement, être diabolique, schizophrénie, voyou minable, lieu cauchemardesque. En deux pages à peine les mentions d’hystérie se multiplient. Grâce.
(le voilà en lieu, au passage)
Hystérique, non. On le reverra calme en Jim Bowie dans The Alamo. Yeux bleus, Bowie knife en main, il meurt à la fin.
Pour parler de lui, on tentera alors la collection de titres en français : Le Carrefour de la mort, La Ville abandonnée, La Porte s’ouvre, Panique dans la rue, Les Forbans de la nuit, Duel dans la forêt, Troublez-moi ce soir, Le Port de la drogue, Le Jardin du diable, La Toile d’araignée, Coup de fouet en retour, La Chute des héros, Le Trésor du pendu, Le Dernier passage.
Et d’autres encore, c’est tout le charme.
Troublez-moi ce soir (Don’t bother to knock) : pour parler de Widmark on pourra rouvrir deux ou trois beaux livres, chercher, retrouver une série de photos sur lesquelles il jette, pousse, embrasse peut-être, toute jeune en voisine folle, en déshabillé emprunté, Marilyn.
Enfin le revoir dans son propre rôle :
Et quoi ? Si peu ?
Presque rien, c’est vrai.
Pourtant, ailleurs, à peine plus loin, à l’âge dit adulte (et merci à Swann de l’avoir inscrit au fond des mémoires), Mon genre / Pas mon genre / Pas mon genre mais si / Mon genre trop mon genre surtout n’y allons pas guident les vies, parfois.
Les autres Vases Communicants (merci Brigitte) :
Sandra Hinège http://ruelles.wordpress.com/ et Pierre Ménard http://www.liminaire.fr/
Anita Navarrete-Berbel http://sauvageana.blogspot.com/ et Christophe Sanchezhttp://www.fut-il.net/
Guillaume Vissac http://www.fuirestunepulsion.net/ et Laurent Margantinhttp://www.oeuvresouvertes.net/
Joachim Séné http://www.joachimsene.fr/txt/ et Marc Pautrelhttp://blog.marcpautrel.com/
Dominique Hasselmann http://dh68.wordpress.com/ et François Bonhttp://www.tierslivre.net/
Michel Brosseau http://www.àchatperché.net/ et Stéphane Bataillonhttp://www.stephanebataillon.com/
Franck Queyraud http://flaneriequotidienne.wordpress.com/ et Samuel Dixneuf-Mocozethttp://samdixneuf.wordpress.com/
Christine Jeanney http://tentatives.eklablog.fr/ et Maryse Hachehttp://semenoir.typepad.fr/
Claire Dutrait http://www.urbain-trop-urbain.fr/ et Jacques Bon http://cafcom.free.fr/
Cécile Portier http://petiteracine.over-blog.com/ et Bertrand Redonnethttp://lexildesmots.hautetfort.com/
Isabelle Pariente-Butterlin http://yzabel2046.blogspot.com/ et Jean Prod’homhttp://www.lesmarges.net/
Brigitte Célérier http://brigetoun.blogspot.com/ et Benoît Vincenthttp://www.erohee.net/ail/chantier/
j’étais un peu plus vieille, donc il est resté à la lisière de mon genre, disons que j’avais comme un penchant
Il n’y a pas eu d’équivalent de Richard Widmark (peut-être un éclair de Delon dans un Melville ?), ses films trépidants et implacables comme son regard – pour une fois l’expression est vraie – au couteau.
Des posters, on peut toujours en trouver. Mais rien ne vaut l’image, en ce qui le concerne, qui bouge, qui n’est pas figée façon Harcourt : même on peut en avoir 24 pour une seule seconde, c’est dire !
L’hommage à Richard Widmark ne peut donc être que saccadé, comme le barillet d’un Smith & Wesson qui joue au manège infernal : il faut donc relire ce texte.
Richard Widmark, dans La dernière caravane, et la révélation, enfant, qu’on peut être blanc et indien.
à Dominique : quelle belle conclusion 😉
Pas d’équivalent à Widmark par ici, oui, je suis d’accord.
Quant aux images qui bougent, j’avoue un petit faible pour ce What’s my line : élégance souriante des hommes timides, peut-être.
à Brigitte : « comme un penchant », voilà l’expression exacte, oui !