Vases communicants Février
14 avril 2015. Je refais passer en une ce Vase Communicant de février 2011, avec Maryse Hache pour l’occasion dont je reparlerai sans doute de la présentation au Cent rue de Charenton, le 4 mai prochain, de la publication de deux textes de Maryse, Baleine Paysage et Passée par ici.
Ces livres sont disponibles d’ores et déjà (depuis le 8 avril) chez publie.net par la grâce (entre autres) de Christine Jeanney (mais elles deux avaient la présence d’un vrai duo). Qu’elle(s) en soi(en)t ici remerciée(s).
Une pensée pour elle, donc, et pour ses ami-e-s ici ou là (dont je suis).
Je refais passer en une l’échange Vases Communicants que nous avions réalisé, Maryse et moi, en février 2011.
En hommage à une amie disparue (comme le dit Christine Jeanney), et comme le font Anne Savelli, Pierre Ménard…
Pendant le week-end accueille avec grand plaisir Maryse Hache (qu’elle en soit ici remerciée) pour l’échange de vases communicants, tandis que Piero Cohen-Hadria apporte au semenoir son texte de mémoire.
une bribe au début du mail de piero touche
une veine : un numéro de téléphone : passy 15 28
je m’y abandonne
laisse la connexion des fils aller son train
et me guider par petit troupeau d’associations :
allô je répète je t’aime je t’aime je t’aime signé paul
les mots me téléphonent et bougent des plaques mnémoniques
le mot passy me téléphone
avenue de lamballe
rue de la pompe
avenue georges mandel
le mot téléphone me téléphone
hc / jd
puis
ets burgunder 48 avenue felix faure paris 15°
dans les fils de toiles ils disent :
permis de construire de l’immeuble de 6 étages délivré le 12 août 1905
à alfred burgunder
la résurrection des morts a lieu avant la fin du monde
il suffit d’un coup de fil
l’une de nous deux survivra bien à l’autre
du monde sur la ligne
comment les entendre tous dans le texte
sourire
laisser-aller voguer au gré des vagues de correspondances
et continuer dans l’eau des vases
paul en avait acheté un très haut pour les rouge glaïeuls
danse avenue mandel avec petits justaucorps
rose comme manteau résurrection piero
rose comme manteau de l’ange annonciation angelico
allô lys quatro cento
grands jetés jusqu’à françoise rue de la pompe
sa mazurka de chopin sa saltarelle de dvorak son menuet de boccherini
avec odeur et écrasement de colophane
sauts de chats jusqu’à l’avenue de lamballe piano noir et grande baignoire
allô jasmin 14 24 bonjour albert c’est berthe je voudrais parler à camille
en-soi les voix téléphonent littéraire ou ordinaire disparus ou vif-corps
les laisser parler
allô segur 60 82 paul non il n’est plus là mais voulez-vous parler à blanche ou alice ou maria
c’est hc qui répond : rien ne ressemble autant à une résurrection qu’un livre
elle s’assoit à côté de lui sur les bords du tage
là voilà qui téléphone littéraire à borges
elle invente un temps passeur d’éternité qui la tient dans ses bras de mimosa
et elle téléphone littéraire à cixous
elle marche sur un fil
jamais tu n’arriveras à entrechat cinq mais danse continue à danser piero
ça grésille à cause du lointain
mais bientôt ça s’entend si ça prête l’oreille
ça se distingue de phrase en phrase
alllô on entend mal
la 403 bleu nuit
c’est la mère de qui là près de la fenêtre
c’est sa grand-mère ou mon père près du lion de belfort
belfort c’est bien à côté de lure
allô fichaise ah seulement pendant le week-end
qui est-ce qui conduit
oh j’entends mal — c’est ton père? — ah il est parti — il y a six mois? — mais ça nous fait quel âge déjà? — en quelle année tu dis? — c’était pas une 403! c’était une 2cv ! — ah bon! je confonds — une ami 6 alors? — en juillet 60 à orly ? — ah non plutôt vers 58 — six mois plus tard, ça, j’en suis sûr, mais c’était en juillet 1980 — allô allô sa voix s’éloigne ne coupez pas ne coupez pas…
allo passy 15 28 — c’est poupouche! — non! je suis pas avenue mandel ? — avenue phiippe-auguste, ça alors, quel méli mélo ! — je voulais parler à françoise — mais oui professeur de danse
ah il est revenu, de nouveau en ligne, au volant de la citroën, il prend la rue d’alésia, tourne au rond-point, église, cinéma, hésite entre avenue d’orléans ou avenue du maine
allô allô seg 60 82 — suis bien rue brézin — oui, je suis sûre, juste après l’église de montrouge et le cinéma — ah avenue du général leclerc? — c’est où ça — ah bon! je croyais qu’elle s’appelait l’avenue d’orléans
oui, c’est bien sa voiture
il est bien revenu
tiens qu’est-ce qu’il fait avec sa deux CV
ah il se décide plutôt pour l’avenue du général leclerc
il revient de chez la grand-mère de piero ou quoi
quand il ya du monde sur la ligne ça téléphone en flux mélangés et ça réclame de la ponctuation sinon tu sais plus qui parle
elle perd le fil
elle le reprend
il y a des fenêtres sur les arbres
celle sur le noisetier tout en candélabres vert tendre
(comment ça s’appelle ses petites pendeloques végétales)
celle sur une sorte de pin parasol
celle sur les tilleuls
il y a le monde de l’écrirelire dans les ondes et nos fils sont mêlés
il y a vous
il y a nous
il y a toi
je reste en ligne
Maryse Hache
Les autres Vases Communicants (merci à Brigitte C.):
Laurent Margantin http://www.oeuvresouvertes.net/ et Daniel Bourrionhttp://www.face-terres.fr/
Christine Jeanney http://www.christinejeanney.fr/ et Anita Navarrete-Berbel http://sauvageana.blogspot.com/
Samuel Dixneuf http://samdixneuf.wordpress.com/ et Michel Brosseauhttp://www.àchatperché.net/
Chez Jeannne http://babelibellus.free.fr/ et Leroy K. Mayhttp://lkm696.blogspot.com/
Estelle Ogier http://lesdecouvertesdutetard.over-blog.com/ et Joachim Séné http://joachimsene.fr/txt/
François Bon http://www.tierslivre.net/ et Christophe Grossihttp://kwakizbak.over-blog.com/
Cécile Portier http://petiteracine.over-blog.com/ et Anthony Poiraudeauhttp://futilesetgraves.blogspot.com/
Amande Roussin http://erohee.net/rousse/ et Benoit Vincenthttp://www.erohee.net/ail/chantier
Marianne Jaeglé http://mariannejaegle.over-blog.fr/ et Franck Queyraudhttp://flaneriequotidienne.wordpress.com/
Juliette Mézenc http://www.motmaquis.net/ et Jean Prod’homhttp://www.lesmarges.net/
Candice Nguyen http://www.theoneshotmi.com/ et Pierre Ménardhttp://www.liminaire.fr/
Christophe Sanchez http://fut-il-ou-versa-t-il.blogspot.com/ et Xavier Fisselier http://xavierfisselier.wordpress.com/
Nolwenn Euzen http://nolwenn.euzen.over-blog.com/ et Landry Jutierhttp://landryjutier.wordpress.com/
Leila Zhour http://coeurdemots.hautetfort.com/ et Dominique Autrouhttp://autrou.eu/
Claude Favre et Jean-Marc Undriener http://entrenoir.blogspot.com/ (vis à vis à préciser)
Clara Lamireau http://runningnewb.wordpress.com/ et Michel Volkovitchhttp://www.volkovitch.com/
Joye http://iowagirl.over-blog.com/ et Brigitte Célérierhttp://brigetoun.blogspot.com/
[…] This post was mentioned on Twitter by louise_imagine, Christophe Grossi and louise_imagine, maryse hache. maryse hache said: une bribe au début du mail, de maryse hache chez piero cohen-hadria http://bit.ly/e2hHsw #vasescommunicants […]
Cette colophane des mots, poème musical avec ou sans fil, la toile est invisible, la beauté non.
[…] réitération), arrive en un moment grave, sans doute, mais nous l’affrontons et affirmons, ici et là-bas, l’encore et toujours présence de notre amie, […]
Belle idée que d’avoir republié ce Vases communicants avec Maryse Hache – je ne sais plus pourquoi je n’y avais pas participé – et je me souviens de cette histoire de téléphone et de la photo finale.
@ Dominique Hasselmann : Maryse m’était une belle et franche amie (que je ne connaissais que des ateliers d’écriture de Pierre Ménard sur la ville)… Merci du passage, et d’ainsi, y repenser.
Merci Pierre
(incroyable et miraculeux de lire
« je reste en ligne
Maryse Hache »
et de constater que c’est vrai)
Cher Piero, je t’ai vu hier soir et on a donc retrouvé Maryse pendant ces deux heures-là où ses mots se croisaient et décroisaient, comme – oui – si elle avait envoyé (depuis un pays où ils ont abandonné les timbres) d’autres cartes postales spécialement pour cette réunion.