Visite à Lagny
Un train, gare de l’est, vers 13h30. Visite à la Sodis, pour y réaliser un entretien avec Hélène de Laportalière (qu’elle en soit ici remerciée).
Cet entretien a été réalisé dans le cadre de Mélico et de l’étude de la chaîne du livre, que nous avons entreprise depuis deux ans sur ce site de la mémoire de la librairie contemporaine (parole est donnée à une jeune maison d’édition, comme aux maisons historiques; à la librairie, évidemment; à la distribution, ici; à la diffusion, bientôt).
Cette part de la thématique du site se conjugue avec deux autres pôles. D’une part, la création contemporaine, où nous invitons des acteurs du monde la littérature virtuelle à produire des textes ou des articles ayant pour objet leurs pratiques et leurs usages du livre en général, de la librairie s’ils le souhaitent, de l’écriture et de la lecture.
D’autre part, l’anthropologie sonore, où nous convions des libraires ayant cessé leur activité commerciale à nous faire part de leur vision de la librairie d’alors, en rapport avec celle d’aujourd’hui. Ces entretiens sont ensuite intégrés au site, réalisant par là un paysage de lecture, mais aussi sonore, de ce que le texte, à la base de la littérature, du livre et de la librairie, a à nous dire sur le monde dans lequel nous vivons.
On le sait, le virtuel est au centre de ces trois pôles de la constitution du site Mélico, et c’est, pour une part, parce que le virtuel se tient à ce centre que « Pendant le week-end » existe, afin de donner au livre, à l’écrit, à la littérature (si toutes ces représentations se nomment toujours ainsi ici, je veux dire sur le réseau Internet…) une « véritable » existence numérique, et indiquer, par là, que ces représentations ne nous sont ni incompréhensibles, ni encore moins étrangères mais, bien au contraire, que nous y participons comme acteurs dans le sens plein que donne la sociologie à ce terme.
J’ai suivi à pied, venant de la gare, la rue du Maréchal de Lattre de Tassigny, jusqu’au 128. Une passerelle enjambe cette rue : d’une part, les entrepôts sur le site, historique, de l’autre les ateliers de fabrication des livres de la prestigieuse collection « La Pléiade ».
J’ai été reçu avec beaucoup de gentillesse, l’entretien a été mené à son terme : on le retrouvera probablement sur Mélico bientôt (le temps de le retranscrire, et d’en tenter un montage sonore). Il traite de la distribution, qui est la part de la chaîne du livre la plus éloignée de ses activités médiatiques (les prix, les articles critiques, les auteurs, les salons etc…). Il s’agit cependant d’une activité passionnante alliant logistique et informatique : et comme rien non plus de la technique ne nous est étranger (ou ne nous devrait l’être ici…), il est bon d’éclairer ce lieu du commerce du livre, ainsi que, plus tard, nous tenterons d’expliciter la diffusion qui, elle aussi, est assez obscure aux lecteurs et aux pratiquants du virtuel que nous sommes tous. Nous avons parlé « retours », « remises », « EDI », « flux », enfin toutes choses qui demandent à être explicités et qui le furent au cours de l’entretien. Nous avons aussi parlé du CELF, cette coopérative d’exportation des livres français à l’étranger, dont nous entreprendrons, je l’espère, l’histoire pour Mélico.
Lorsqu’il s’est terminé, j’ai regagné la gare, à pied longeant la Marne.
Il faisait gris, presque de la pluie, des hommes nettoyaient les quais des crues de la rivière,
des oiseaux (cygnes, canards, mouettes…)
de vieilles gens qui promènent leur chien, peu de voiture sinon de grosses berlines garées devant d’opulentes villas en meulière, quelques embarcadères déserts,
au loin sur l’autre rive, le chemin de fer, parfois une péniche…
Je suis revenu vers Paris, Belleville,
regardant dans les yeux ma ville, photographiant quais et gens. Il ne pleuvait pas, mais la nuit arrivait.
J’ai lu quelques articles du « Répertoire des domiciles parisiens de quelques personnages fictifs de la littérature » (Didier Blonde, 2010, Paris, La Pionnière). Cette ville que j’habite, celle des personnages de Balzac, Perec, Echenoz, Colette, Sue, Zola, Proust et de tant d’autres…
Amusant que diffusion et distribution des produits de l’édition s’assemblent là sous l’étiquette des « prix littéraires »!
L’édition parisienne, des salons particuliers de restaurants aux salles de marché en passant par les salles de réunion ?
Mais aussi une « Place des libraires » ? et le livre comme place de Bob Stein ?
http://lafeuille.blog.lemonde.fr/2009/10/05/si-un-livre-est-un-lieu-quelle-est-la-place-des-livres/