Oublier Paris # 11
Hier soir, en se promenant sur l’île,
des découvertes qui marquent que les plaques ne sont pas toujours exactement ce qu’on pourrait penser qu’elles sont. Par exemple, ici, ce n’en est pas une :
mais une sculpture à même la pierre. Qui donc est ce Mirmont, mort sur le Chemin des Dames ?
Au ciel, le soleil sous les nuages, là son reflet aux tours de la gare de Lyon.
Nous descendions le quai d’Orléans , marchant vers l’est, et tout haut, je me souvenais de cette femme, prénommée Claude, qui parlait de Beaubourg comme de « la maison » .
« Il faisait si bon, il faisait si doux » : des paroles d’une chanson de Jean Roger Caussimon, qui me ramènent parfois au boulevard Sébastopol (arpenté par d’autres) mais aussi à la rue de Turbigo, en son 28 je crois que nous croisions une autre fois.
J’avais peut-être huit ans lorsqu’on nous distribuait au goûter, vers 4 heures, dans l’école de la rue Delpech, de petites bouteilles de lait : cette sorte de tradition, ensuite remplacée par du pain et du chocolat, jusqu’en quatrième, m’est revenue dans cette rue. Le lycée y est sans doute pour quelque chose. La République, non loin de là, dans une petite rue, cette Lotus (j’ai quelque chose avec les voitures, mais ce n’est plus la mode – lorsqu’on distribuait du lait, le monde entier y croyait pourtant)
» Faire une virée à deux, tous les deux sur les chemins,
Dans ton automobile, tous les deux on sera bien…
(…) S’en aller tous les deux dans le sud de l’Italie…
Toute la nuit danser le calypso, dans un dancing avec vue sur l’Arno…
(…) Voir sur ta peau le soleil se lever,
à la madone envoyer des baisers… » (Lilicub, Voyage en Italie)
Hein ?
Les vacances ? Oui, voilà… Les vacances…
On revient à Belleville
à Simon Bolivar
ou sur la faubourg
L’été : j’ai cherché des accent aigus mais n’ai trouvé qu’un grave :
Celui de Jaurès, je crois.
Voilà, c’est l’été.
La trêve, les vacances, les enfants et les plages. On a vérifié la pression des pneus, fait le plein, les valises, prévu les sandwichs, on s’en va, on roule, vers le sud, le soleil, la chaleur enfin supportable parce qu’on ne sera pas soumis au travail, ni au réveil, ni aux injonctions des postes de radio ou de télévision, on s’en va, on prendra un avion, on ira voir du pays, la douane, les portiques de sécurité. Les humains bougent, du moins les nantis de cette planète de larmes et de sang. Tourisme, récupération, détente, ne plus rien faire, juste respirer, lire à l’ombre et se sécher au soleil…
On se retrouve au 15 août.
Jaurès a toujours su mettre l’accent grave où il faut. La balle qui l’a tué était une sorte d’accent non prévu dans le code grammatical.