ACCIDENT
Je ne sais pas dans quelle mesure je peux me fier à ce que me dit cet homme, mais ce qui est une certitude c’est qu’il y a ici, quelque chose de différent. Le vieux barbu semble conscient de son isolement et rompu à ne plus sortir de chez lui. « Je ne suis pas le seul, vous savez. Chacun d’entre nous est ici, personne ne sort et personne ne semble en souffrir, non? ». Demain, j’essayerai de partir. Je ferai une nouvelle tentative. « Ah oui, c’est sûr, il n’y a pas de barrière, rien ne vous retient » dit-il en riant. Je l’ai laissé dans le jardin avec ses petits cailloux et suis monté me coucher.
Dans une petite malle en osier près de la fenêtre, une multitude de vieux journaux régionaux jaunissent lentement en attendant de passer l’arme à gauche dans le foyer de la cheminée. J’ai pris l’habitude d’en feuilleter un chaque soir (que je choisis sans respecter de chronologie) espérant y trouver un indice. Depuis une dizaine de jours, l’espoir a cédé la place à l’indignation face à certains articles dont l’orientation politique nuisait terriblement au bon sens du propos tenu. Depuis je préfère m’attarder sur « les chroniques des environs » beaucoup plus anecdotiques, mais tellement plus drôles. Hier, je suis tombé sur un article plus étrange qu’amusant :
Tom, cet homme rencontré dans un bassin vide, dont je parlais récemment, j’ai l’impression qu’il s’agit du même. La photo est de mauvaise qualité, malgré tout il me semble le reconnaître. Pourtant, le journal daté du 12 janvier 1998 annonce la mort d’un homme que j’aurais rencontré il y a à peine 2 mois. Ce n’est donc pas lui, mais la ressemblance est troublante.
Demain, une nouvelle tentative.
Adrien Villeneuve