Parc des Expositions de Paris-Nord
J’ai vu cet homme debout au centre d’un bassin vide, statique, les mains dans les poches et la tête haute, regardant droit devant lui comme si une prophétie devait s’abattre dans la seconde. Il semblait attendre l’eau. Je me suis arrêté et suis allé à sa rencontre sans savoir ce qui m’animait exactement mais persuadé que cet homme ne pouvait être là arbitrairement et qu’il était probablement une des pièces manquantes de l’énigme de ce territoire.
– « Bonjour, vous savez s’il y a un Hôtel agréable dans le coin?
– Les hôtels foisonnent ici. Soit vous êtes aveugle, soit vous ne me posez pas la bonne question. En revanche, je ne sais pas si nous partageons la même définition du mot agréable, mais si c’est le cas, il va falloir vous rendre à l’évidence qu’ici vous risquez de passer la soirée en vain à chercher quelque chose d’aimable. J’en suis le premier désolé, mais ce n’est pas faute d’avoir proposé mes services pour rendre le lieu plus accueillant. Cette fontaine devait être un symbole de liberté, une issue possible, une ouverture vers l’extérieur. Mais non. Comme vous pouvez le constater le projet a été abandonné rapidement après bien sûr avoir été plébiscité, validé, après que le chantier fut lancé et les travaux amorcés. Seulement les projets d’expansion trop ambitieux sont tous rapidement étouffés dans la région. Je le savais, mais je comptais sur ma pugnacité légendaire pour affronter les embûches. Aujourd’hui, les deux genoux à terre, je refuse toujours de plier ne serait-ce qu’un peu plus. Je suis désolé mais je n’irai pas plus bas. Je reste ici, j’entretiens la légende. Qu’on ne cherche pas à m’exclure du territoire car j’en fais partie même si je ne suis plus qu’une rémanence. »
Il m’a dit aussi s’appeler Tom, qu’il consacrait son temps à maintenir ses différents projets à l’état de friche en s’invitant comme fantôme sur les sites concernés. Il s’est appliqué à mettre en place une série d’interventions ayant pour point de départ la ville des Ulis et comme point final Saint-Ouen l’Aumône, afin, m’a-t-il dit, de faire le deuil de son scénario utopique, d’effacer les dernières traces de ce canevas rocambolesque.
Adrien Villeneuve
Bonjour,
Je partage votre engouement pour ce type de commune. Je suis moi-même domiciliée depuis plusieurs mois à Lieusaint et je pense être en mesure de vous éclairer sur le parcours obscur que vous avez choisi de prendre en vous égarant sur le territoire de la francilienne. J’ai moi-même suivi un des projets dont vous a parlé cet homme, Tom (Thomas Vanden), et je connais parfaitement la région pour en avoir longuement exploré le moindre recoin à la recherche d’issues possibles. Je ne suis malheureusement pas en mesure de vous rejoindre, aussi vous pouvez me contacter à cette adresse :
ariane.casalinge@gmail.com
Je ne connais pour ma part pas personnellement votre Tom, bien que ses projets m’intéressent, mais j’aimerais vous parler d’un certain Otto, qui construisait à une époque à Paris un chantier interrompu, et que j’ai brièvement connu sans parvenir comme vous à le prendre en photo. Si vous avez des infos…
http://ruelles.wordpress.com/2009/02/12/chantier/